Bonjour, comment vas-tu ?

Bonjour,

Comment tu vas ?

J’trouve ça drôle de te le demander alors que je sais pertinemment la réponse. Depuis tes 11 ans je suis à tes côtés. Tu sais, depuis ces petits dessins que tu faisais sur un bout de papier, sur ton cahier, sur les feuilles. Tu refaisais juste ce que tu voyais en rêve, je sais. J’ai bien aidé pour ça. Tes premières crises d’angoisses, tes soirées de larmes, tes terreurs nocturnes. J’ai toujours été là, mais tu ne m’as jamais vu. Pire, tu savais ma présence, mais tu as décidé que tu ne voulais pas de moi.

C’est plus compliqué que ça de se débarrasser de moi. Bah oui, tu le sais, au bout d’un moment tu te complais un peu de ma présence, avoues le. C’est plus facile de te laisser porter que de te battre contre moi. Tu as essayé pourtant, tu es partie, t’as fui, et je t’ai suivi jusqu’au bout du monde, littéralement. Parfois je te laissé un peu tranquille, puis un petit doute, un moment de fatigue et je refais face. Mais tu t’es habitué à moi.

Pourtant j’ai tout essayé. Les douleurs au cœur, la gorge serrée, les poumons compressés, les idées noires, l’isolement, les larmes et la pire de toute, celle que je préfère : l’envie de mourir. J’ai tout fait pour que tu me remarques, que tu penses que je serai là jusqu’au bout. Et je suis toujours là. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que tu te bats plus qu’avant. J’ai l’impression que tu ne te laisses plus le temps de penser à moi.

Ce n’est pas faute d’essayer. Tu n’aimes pas ça rester sur ton canapé, toute la journée à regarder l’écran d’ordinateur sans vraiment comprendre ce que tu regardes, et sans y prêter attention ? Je suis là tous les jours. Je ne te lâche pas. Je sais que tu ne veux plus de moi. Que tu te bats enfin pour que je ne reste pas. Et pourtant…

Je suis encore là dans tes doutes, dans tes cauchemars, dans ton manque de confiance en toi, dans ton regard, dans ta solitude. Je suis présente tout le temps.

Si j’étais une personne, je te tiendrais la main, et je te retiendrai d’avancer. Si j’étais une personne, je te dirais tous les jours à quel point tu n’en vaut pas la peine. Je te dirai que j’aime quand tu restes enfermée dans le noir, que tes yeux sont beaux quand tu pleures, que c’est dans le noir que j’aime être. Je sais, je suis une sadique. Mais je n’aime pas la vie, le rire et la légèreté.

J’aimerai te dire que pour moi aussi c’est compliqué de te suivre. Tu es une personne qui aimes la vie, qui se bat, qui aime l’aventure ! Je n’ai pas l’habitude d’avoir des personnes qui tiennent autant à sortir, à visiter, à rire. Ce n’est pas pareil avec toi, c’est un va et vient continue. Mais ça je pense que je le dois à l’hypersensibilité. Parce que si quelque chose est beau, tu vas le trouver magnifique, si tes proches sourient autour de toi tu as l’impression de voir la 8ème merveille du monde. Alors que j’essaie de te tuer de l’intérieur, de t’empêcher de vivre, de te laisser dans la douleur. Tu ne me vois pas, mais depuis 15 ans je suis là.

Alors oui, sur ta route, tu as croisé de temps en temps des moments de répit. Mais j’ai repris du service en ce moment. Tu n’es pas fière de moi ? Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas retrouvé toutes les deux. Tu me ressens au quotidien, c’est même dur pour toi dans les moments seule de ne pas t’effondrer. Je suis fière de moi. J’ai réussi à reprendre le dessus. Malgré tes rendez-vous, tes suivis, tes gens qui sont proches de toi. C’est dur aussi pour moi. Je n’ai pas envie de te voir partir.

Alors, j’aimerai qu’on continue cette relation. Et toi tu veux rompre, mais je te le dis, tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça. Il va falloir te battre, te relever encore plus, sécher tes larmes. Et je ne vais pas te simplifier la vie.

Je vais te faire douter de tout, tout le temps. Je serais là dès que tu vas vouloir avancer, pour te faire perdre tous tes moyens. Je vais être là, à chaque fois que tu vas fermer les yeux pour dormir, tu n’auras ni repos, ni pause. Je vais te faire perdre tout espoir. Même quand tu ne penseras plus à moi, je reviendrai et t’empêcherai de t’accrocher à toute chose positive, parce que de toute façon, on le sait, tu vas tout faire foirer encore une fois.

Et à chaque échec, à chaque fois que tu perdras pied, je te ferai ressasser ton passé. Je vais faire de la douleur ton quotidien. Parce que plus tu te battras contre moi, plus tu vas te battre aussi contre toi. Parce que je ne t’ai rien laissé. Il faut que tu apprennes à te connaître à te faire confiance. J’ai tellement bien travaillé.

Tu es prête ? Bats-toi. Et ne penses pas que la partie sera facile.

La Dépression.

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