L’Hypersensibilité et hypersensible. Qu’est ce que c’est ?

Cet article fait partie de la catégorie personnelle. Je vais parler de l’hypersensibilité, mon vécu et mes ressentis. Je sais que certain.e.s viennent lire les voyages tout ça. J’vous jure, ça va arriver, j’en ai en attente, que j’ai un peu la flemme de reprendre parce que ça fait bien longtemps, mais je vais m’y remettre. Dès qu’on va pouvoir sortir de chez nous et s’aventurer plus loin que le bout de notre rue, je m’y remettrai. Peut-être pas à l’étranger (hello le coco), mais juste sur le bloc de maison d’après, mais je tournerai ça en grande aventure, promis.

Avant tout, j’aimerai te dire que cet article n’est ni une généralité, ni une règle sur l’hypersensibilité. C’est un ressenti strictement personnel. De plus, on ne se déclare pas HP, on est diagnostiqué. Voilà, si tu as des doutes, si tu penses l’être, si tu as besoin de parler, il y a un corps de métier qu’on appelle « Psy » et c’est eux et elles seulement qui pourront te dire cela et t’aider dans ton épanouissement personnel si tu ressens le besoin de parler ou de t’exprimer ou de répondre à certaines questions.

Et je te demande d’être tolérant.e. C’est la première fois que j’essaie d’expliquer par écrit ce que c’est, que j’essaie de me l’expliquer à moi même, de mettre des mots sur l’hypersensibilité.

« Ne prend pas les choses tant à cœur », « calmes toi », « tu te vexes pour un rien », « tu es colérique », « quel mauvais caractère », « pourquoi es-tu si sensible ? »

Ah ah. Je pense que ces phrases sont des berceuses à force de les avoir entendues.

Mais tu sais quoi ? Ma mère m’a dit que déjà à un an, elle avait remarqué ce côté émotion que j’avais, les colères, l’impossibilité de me contrôler, les crises de rires. Tout ça, elle me l’a dit, et me l’a vu dès mon plus jeune âge.

J’vais pas t’expliquer ce que c’est l’hypersensibilité. J’vais te dire comment je la vis. Parce que si vraiment tu veux savoir ce que c’est, vas sur internet, lis des livres, demande à un.e psy. Il.elle le fera bien mieux que moi !

En très bref, keskecé vivre avec de l’hypersensibilité ?

L’hypersensibilité c’est un décalage avec le monde environnant dans le sens où on ne se sent jamais à sa place, pas être comme les autres, l’indécision aussi parfois, la sensibilité des sens (lumière, sons, odeurs), facilement noyé dans les émotions, l’empathie, les pleurs, l’intuition, l’isolement, l’irritabilité. Tout ça mais de manière « plus ».

Je suis moi-même entrain de lire le livre d’Elaine N.Aron – Hypersensibles, mieux se comprendre pour mieux s’accepter. J’ai dû faire une grosse pause, parce que j’ai un peu du mal. Parce que mon dieu, lire un livre qui essaie d’analyser ce que tu vis, ce n’est jamais agréable.

Blabla sur moi et l’hypersensibilité

Tu sais, j’écris souvent, souvent quand j’angoisse d’ailleurs. Je papote avec moi-même, j’me pose des questions. Et j’suis retombée sur un truc… Peut être ça peut te donner des idées de ce qu’il se passe dans ma tête, et un peu ce dont je parlais au-dessus.

*attention, le passage qui va suivre est pas facile à dévoiler. Je vais te demander d’être très tolérant.e, sans jugement, et de prendre en compte que j’étais en pleine crise d’angoisse et de mal être intense. Merci*

PS : alors, tu vas voir, je me parle. Voilà. Je me tutoie quand j’écris. Sois prévenu.e. en réalité, ce blog j’crois que c’est à moi que je parle la plupart du temps. En tout cas, je te parle comme je me parle.

PPS : il était tard, tu rentres dans l’intimité de 95% de mes nuits quand je suis sobre. Voilà. Coucou.

PPPS : il est clair que j’ai sauté de gros passages, du coup je ne sais pas si ça fait sens. Mais j’ai fait de mon mieux pour organiser ce que j’avais écrit. Parce que quelquefois c’est un bordel sans nom. Autant dans ma vie, tout est rangé, mais à l’écrit… Mon dieu. C’est comme dans ma tête, c’est… Pas chaotique quand même, mais pas loin.

PPPPS : ça existe le post post post scriptum ? (non j’avais pas d’autres choses à ajouter hein, je voulais juste savoir si ça existait)

Pourquoi les émotions qui sont de si belles choses, qui nous rendent vivant.e font si mal ? C’est comme si à chaque fois que je ressens, il y a quelque chose qui se casse, qui me comprime les poumons, qui est si grand et si intense qu’il prend toute la place. Comme si les émotions se bloquent dans ma gorge, étouffent mes poumons et brisent toutes les côtes, compriment le cœur. Quand je les empêche de sortir, j’ai l’impression que je vais exploser, et que je laisse tout sortir je pleure (encore et toujours).

C’est ça être sensible ? C’est ça d’être en vie ? D’avoir peur à chaque instant que cette putain d’émotion débarque sans prévenir ? Pourquoi je me sens vide et tellement rempli de colère et douleur ? C’est douloureux le vide ? Apparemment. Je ne sais même pas comment le décrire. L’angoisse c’est une émotion ? Ou c’est une pote qui frappe à ma porte ? Parce qu’elle est tellement là que parfois je me demande. La colère c’est pareil.

Petite question à 3h du matin : Qu’est ce qui fait de nous « nous » ? Est-ce qu’on est défini par nos actes ? Et est-ce que les autres nos définissent par nos actes ? Pour finir, est-ce que je me définis par mes actes ? Ou est-ce qu’on se définit avec nos émotions ? Si je me décris par mes émotions je suis quoi ? Douleur et colère ? Fun. J’me vois rouge et en PLS. Si je me définis par mes actes, j’aimerai me dire que je suis une personne empathique forte et indépendante.

Tu vois, 2 personnes qui n’ont rien à voir. Comment on se décrit ? Je te le demande. Si je dois me définir est ce que je dis que je suis Léa, 2 bras, 2 jambes ou que j’ai une oppression constante dans les poumons ? C’est le fun ce genre de question à cette heure-là. Qu’est-ce que je renvoie aux autres ? C’est ça être vivant.e ? C’est se poser ce genre de question à 3h du mat ?

J’pense que t’en as encore pour quelques heures de réflexion Léa. Comment on fait pour mettre sur pause ? Comment on fait pour lâcher prise ? Pour laisser place au neutre, de ne plus être dépendant.e de chaque émotion ?

Putain, je dois être épuisante pour les gens autour. Moi ça va je me connais depuis 26 ans maintenant, j’ai l’endurance. Mais bordel, si les autres ils.elles me voient comme je me vois, mais ça doit les épuiser. Imagine y’a des bulles de pensées, comme dans les BD, mais est ce que les gens vont réussir à lire tout ce qui se passe ? Non. La réponse est non JJ. Du coup, c’est ça, est ce qu’on est défini par nos actes ou nos émotions ? Est-ce qu’on peut se détacher des émotions, les mettre en sourdine (la musique ne fonctionne pas vraiment, même forte hein) ? Est-ce que mes poumons font 2cm² parce que là, clairement, leur capacité est vraiment à chier. Bon, arrêter de penser. Et dormir. Ou s’assommer.

Un mois.

Il m’a fallu un mois pour reprendre cet article. (Alors peut-être qu’il faut que j’éclaircisse, parce que ce n’est pas clair)

Ce que tu as lu au-dessus, j’ai mis un mois à le digérer. J’ai mis un mois à essayer de changer de mood, parce que là, tu as vu l’angoisse, la remise en question, la colère contre toutes les émotions. J’étais dans un moment pas fun. Pas que maintenant je suis joie et bonne humeur, loin de là, mais je voulais reprendre l’article avec un autre point de vu, un peu moins de mal-être et surtout être capable d’encaisser d’avoir écrit ce que j’ai dit.

Parce que oui, je ne t’ai pas dit. J’écris beaucoup, mais je ne relis pas. Même mes articles, je ne les relis pas, j’ai une ou deux personnes à qui je demande de relire, pour savoir si ça fait sens. Je n’aime pas me relire déjà parce que si je me relis j’efface tout, je refais tout. J’écris comme je le sens, sans réfléchir et sans me poser de question. Mon côté perfectionniste pourrait tout supprimer si je relis. Mais surtout parce que souvent j’écris soit quand ça ne va pas, soit des choses qui sont faites pour « heurter » / « faire réagir » / « réaliser » / « me défouler » comme ce qui s’est passé au-dessus, du coup sur le coup de l’émotion, et comme tu peux comprendre, chez moi l’émotion, elle prend plus de place que n’importe quoi d’autre.

Donc quand j’ai écrit le début de cet article, qui plus est pour la partie recopiage d’angoisse, en la réorganisant, en supprimant des passages c’est comme si je me voyais en train de faire une angoisse et que j’essayai de m’auto modifier après, et surtout je me juge, vu que le côté perfectionnisme est là (qui plus est, ça remut des trucs pas fun, puis tu as honte et tu culpabilises).

Sache-le, toutes les feuilles qui trainent avec ma vie, elles se retrouvent toutes rangées au même endroit, et elles ne revoient pas la lumière du jour, ou peut-être des années après, quand j’me dis que ma vie a assez changé pour que je revienne dessus. Et dans le cas de cet article c’était trop tôt (mais je n’ai pas sous la main celles d’il y a plusieurs années, elles sont en France, et je ne sais pas pourquoi je n’ai pas attendu de les avoir pour écrire cet article).

Ce qui entraine qu’un mois plus tard, coucou me revoilà.

Cet article est trop intense pour moi et trop long pour toi.

Pour le coup c’était quoi mon idée en reprenant l’article ? Ah oui, le changement de mood.

Je ne sais pas vraiment si tu le vois l’hypersensibilité à travers cet article. Et je n’ai absolument aucune idée de comment te l’expliquer.

J’pourrai te faire des petits points… comme une sorte de liste. C’est bien ça les listes non ? J’aime ça moi. J’adore faire des listes. Pour tout. Même pour packer mes valises j’ai une liste pré-faite. Et même au quotidien je fais une liste des choses que je dois faire. J’suis ce genre de personne oui oui. Bon, alors la liste de choses non exhaustives et compliquées à expliquer de comment je vois la différence entre certaines personnes et moi.

  • Des émotions intenses (évidemment). Personnellement c’est la colère que je retrouve le plus chez moi. J’suis pas une personne particulièrement colérique je pense. Mais toutes les émotions négatives vont se manifester sous forme de colère. Et j’explique souvent aux personnes qui me demandent comment je vis ça par exactement ce paragraphe : « Tu connais cette sensation d’être en colère et de voir rouge ? Bah moi c’est ça à chaque émotion. A chaque fois je tremble, je suis furieuse, j’entends mon cœur battre dans mes oreilles, je ne me contrôle pas, j’ai envie de détruire tout ce qui se trouve près de moi. Pour quelles raisons tu me demandes ? Ah bah ça peut être que quelqu’un vient de me briser le cœur, ou si tu fais trop de bruit en mangeant ou si tu refuses de reprendre des haricots. Non je suis stable, promis. » Mon intensité d’émotions c’est ça. C’est tout ou rien. C’est la grande joie, je souris, je suis heureuse, ou le monde s’écroule, j’ai envie de taper dans un mur (pour ton information, j’ai tapé une seule fois dans un mur avec mon poing à cause de la colère, sinon la plupart du temps c’est ma tête qui tape quand je fais des angoisses. Ce qui explique le pourquoi je suis con peut être). Et ce qui est dur avec ça, c’est que y’a pas moyen de le cacher. J’suis tellement portée et influencée par mes émotions que tu vas le voir direct. J’pense qu’à 200km tu vois à la gueule que je tire que j’ai envie d’exploser. C’est être constamment à poil enfaite être hypersensible. Un bouquin le bordel. Si toi aussi tu ris et tu chiales pour un rien tape dans tes mains.
  • Une préoccupation constante du bien-être des autres, parce que je suis tellement une éponge des humeurs et des émotions de ceux qui m’entourent que j’ai besoin que mon entourage aille bien.
  • Un besoin d’être entourée constant parce que j’ai peur de me retrouver seule face à moi-même. Mais un besoin d’être seule parce que je ne me sens pas à ma place. Tu as peut-être remarqué ou tu remarqueras, j’aime recevoir, j’aime avoir des gens. Mais je reste hyper mal à l’aise en groupe. J’ai l’impression d’être en trop. Et tu me verras peut-être phasé pendant ses moments-là. Beh je me demande ce que je fous là, si ça ne serait pas mieux que je parte, puis après probablement que je vais proposer à manger, ou ranger ou quoi. Pour « être utile ». L’impression d’être jugée, tout le temps, d’être observée, … Peut-être parce que j’ai l’impression que les gens savent ce qu’il se passe dans ma tête. Va savoir.
  • Une empathie tellement exacerbée qu’elle provoque chez moi des larmes et des émotions fortes juste en entendant des paroles de chansons, juste en regardant un film. C’est ressentir des émotions qui ne sont pas à toi de manière bien trop intense (d’où le nom hypersensible dis donc)
  • Les sens. J’en ai parlé, mais j’ai du mal avec la lumière forte (RIP à mes colocs à qui je demandent tout le temps de switcher de lumière parce que notre plafonnier est trop intense), les sons (coucou la peur de l’orage, des bruits forts, les bruits de bouche énervants, n’importe quelle agression sonore).
  • Ressasser, cogiter. Alalala, est ce que vraiment j’ai besoin d’étayer cette partie ? Ça va aussi avec le fait que j’ai du mal à cicatriser j’pense. Je ressasse et je repense à tout, tout ce que j’ai dit, vécu, rêvé même. J’essaie de tout comprendre, de savoir, le pourquoi, le comment. Le ressenti de l’autre, le mien. Et je pense que c’est pour ça que j’ai du mal à passer à autre chose. On parlait encore il y a quelques jours avec un ami d’un évènement qui a touché mon égo d’il y a plus de 1 an. Et il m’a dit : ça va ça date-là, on va s’en remettre. Bah j’y pense tous les jours à cet évènement. Et j’ai toujours cette même amertume. Ça parait irrationnel aussi. Mais une fois qu’une idée est dans ma tête, elle prend une place incroyable. Et j’bute dessus. Comme un perso de jeu vidéo qui continue à foncer dans le mur. (oui oui, on peut dire : JJ la teubée)
  • Bon, j’pense qu’on n’est pas obligé de parler de l’anxiété non plus hein tu l’as vu.
  • Mon obsession pour les détails. Je ne sais pas si c’est l’hypersensibilité qui fait ça, ou juste moi. Mais je connais mon environnement, je fais attention à tout, les objets, ce que font les gens. Tu es sûr.e que si je suis dans la pièce depuis 10 min je sais où sont les choses, je sais tout ce qu’il s’est passé pendant ce temps. Je sais où tu as posé telle chose il y a 3 jours. C’est incroyablement pratique. Et ce n’est même pas voulu, juste : je sais. Et je pense que c’est encore pire quand ce sont pour les autres. Toute à l’heure je te disais que j’avais besoin que les autres aillent bien. Bah savoir où les personnes mettent leurs affaires, c’est rassurant et innée chez moi, parce que je sais que si je fais attention à ça, bah les personnes ne vont pas angoisser ou chercher ou être énervées. L’éponge est bien. J’anticipe tout ça. Et ça me rassure.
  • Sursauter. Pour un rien. C’est l’histoire de ma vie. Je fais des mini crises cardiaques TOUTE LA JOURNEE. Et ça apparemment c’est courant chez les hypersensibles. Je ne sais pas pourquoi. Mais c’est insupportable. Tu frappes des mains je sursaute. Tout ce qui est imprévisible, bruyant et trop stimulant d’un coup, laisse tomber, je meurs.
  • Les douleurs physiques. Je te parle de migraines, je te parle de maux de ventre, je te parle de maux de cœur. Littéralement. Les émotions sont si intenses que ton corps a mal. Par exemple. Marcher dans la rue seule, c’est une épreuve. Je ne te parle pas de peur parce que femme. Non non, là je te parle de peur d’être jugée par les autres, du regard des autres. Bah cette peur, c’est une angoisse si forte, que j’ai une boule de stress dans le ventre. Retrouver des ami.e.s, c’est pareil, aller à un rendez-vous. Tout est possiblement stressant. Et quand c’est stressant, c’est estomac noué. Quand je parlais un peu plus tôt des poumons, ça c’est l’angoisse, et c’est aussi la gorge serrée. La tristesse c’est l’impression que le cœur lâche. J’arrive aussi à décrypter mes émotions selon l’endroit physique où j’ai mal. Bah tout à l’heure je te disais que mes émotions c’était souvent la colère. Oui, j’ai l’impression que c’est ça à chaque fois. Mais les douleurs physiques, c’est la petite subtilité qui me fait les décoder. 
  • L’intuition. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais je fonctionne à l’intuition.
  • Les cauchemars et les terreurs nocturnes. Ah bah oui, cogité ça n’aide pas à dormir ça c’est sûr.
  • Je réponds très mal à la frustration, à l’injustice. Je bossais un peu plus tôt dans la journée, et une dame a dit de sa petite fille « elle est capricieuse ». Qu’est ce que tu en sais Madame qu’elle est capricieuse, tu ne penses pas une seule seconde que peut être elle ne peut pas gérer l’émotion qui la prend quand tu lui refuses de bouger dans le magasin parce qu’elle a besoin de s’exprimer, de voir, de toucher. Tu la laisses là, forcément c’est frustrant, forcément elle peut pleurer, comme tous les enfants, mais est ce que tu as pensé une seule seconde que cette émotion pouvait lui faire mal ? J’ai très mal réagi, un peu au quart de tour, j’ai dit à la grand-mère : elle n’est peut-être pas capricieuse, peut-être qu’elle ne sait juste pas exprimer ce qu’elle ressent, que ça la dépasse et qu’elle a peur de l’exprimer parce qu’elle est toujours réprimée. Je suis juste allée voir la gamine, et je lui ai montré des jouets, des vêtements, en lui expliquant les différents tissus, et les différentes couleurs. Elle n’était plus frustrée, elle ne pleurait plus, et la mamie elle a pu essayer ses affaires en me toisant et en me disant que je ne savais pas de quoi je parlais. Mais la gamine ne pleurait plus. Et moi j’étais furieuse. On m’a toujours dit que j’étais capricieuse, chiante. Alors que (oui peut-être un peu) mais si on m’avait dit juste plus tôt : tu es hypersensible, ça aurait peut-être changé pas mal de choses pour moi. Moins traumatisant et plus constructif.
  • La compréhension des autres. J’vais pas me lancer des fleurs ou quoi, mais je trouve que je ne cerne pas trop mal les gens. J’arrive à vite comprendre ce qu’ils ressentent, comment ils pensent, ce qu’ils sont. Ce n’est pas forcément de l’empathie sur le coup, juste j’arrive vite à lire les gens. Super pratique, et super fourbe, parce que j’arrive à me convaincre que j’ai tort et j’arrive, même en sachant comment est une personne à me persuader que j’ai tort et je me fais avoir à mon propre jeu. Tu captes ?

Je n’ai pas tout dit, mais ça te donne une idée. Mais tout ça c’est quand même pas mal négatif. Alors que j’ai dit que j’avais changé de mood. Passons à l’hypersensibilité cool.

J’vais passer pour la fille qui se lance des fleurs dans le prochain paragraphe ok ? Mais parce que je veux que tu comprennes à quel point, oui c’est compliqué de vivre avec l’hypersensibilité, et quelquefois j’aimerai ne jamais plus ressentir d’émotions. Mais quand j’y pense c’est ma plus grande force, et si je n’étais pas hyper sensible, je pense que je trouverai la vie plate. Pas que ta vie est plate si tu n’es pas hypersensible. Mais ne pas tout vivre intensément… Après 26 ans, j’ai pris l’habitude. Et malgré la galère que c’est j’ai quand même des aspects plutôt agréables. Alors qu’est-ce que c’est.

Je suis la personne la mieux entourée que je connaisse. Eh oui bébé, l’empathie et l’écoute et la dévotion pour les autres, apparemment ça paye. Je t’ai déjà dit 1000 fois que j’étais chanceuse de vous avoir tou.te.s autour de moi. Mais on m’a fait réaliser en me disant : « A ton avis, pourquoi toi, Léa JJ, tu es si bien entourée ? Parce que t’es présente pour les autres, tu donnes, tu es généreuse, tu es à l’écoute, tu es toujours présente, mais surtout : tu es vraie. » Et là BIM. Le tu es vraie. Bah oui, forcément, le livre ouvert de l’émotion, il ne cache rien.

Et c’est vrai qu’on a tendance à plus s’attacher aux gens en qui on a confiance, et rien de mieux que quelqu’un qui ne peut pas mentir (en plus de ça, j’ai le regard aussi explicite que le blabla alors tu ne crains pas trop de l’hypocrisie avec moi). J’arrive à trouver les mots justes, je pense, à être là pour les autres, et j’pense que c’est une belle qualité.

Je m’émerveille pour un rien. J’aime le détail, j’aime les petites joies. Mais quand tu as autant de capacité à retenir une émotion qu’une huitre à courir le marathon, bah une petite joie se transforme en grosse joie, une chose potentiellement belle, se transforme en une merveille, bah oui, l’hypersensibilité c’est incroyable. Quand t’es capable de t’émerveiller devant une tâche d’essence qui fait un arc-en-ciel, ou une ombre d’un arbre qui bouge avec le vent, ou juste des feuilles qui tombent en automne. Quand ça, ça t’émerveille, que tu t’arrêtes pour regarder et que ça te met un sourire aux lèvres, et que tu sens en toi de la joie, bah tu te dis qu’être sensible c’est incroyable. Chaque chose a le potentiel d’être beau.

Combien de personnes ont pleuré devant un paysage ? A cause d’un film ? D’une musique ? D’une pub à la TV (oui mais le bonhomme de neige il a trouvé son nez carotte… c’est intense ok ?) ?

Je n’arrive pas à faire semblant. Vivre selon mes valeurs ou rien. Vu que je suis intense, si quelque chose ne me plait pas, je ne vais pas faire de concessions. Je vais me barrer au moment où ce n’est plus viable ou agréable pour moi. Ça va être stressant, intense. Mais au moins, ma vie ne sera jamais plate et déplaisante, vu que je ne supporte pas l’inconfort, et que je suis incapable de mentir, les personnes qui n’auront pas dans les mêmes visions que moi, ne resteront pas dans ma vie, pas de contrariété, pas d’hypocrisie. Ça peut être dur à gérer, mais c’est aussi un soulagement de ne pas s’épuiser à faire semblant. T’façon je n’en suis pas capable.

Ça entraine aussi d’aimer intensément. C’est si beau d’aimer intensément.

J’ai confiance en mon adaptabilité. Mon souci du détail et mon perfectionnisme. Ce sont des aspects plus enfouis selon moi, mais du coup, vu que j’analyse et je perçois beaucoup de détail, je m’adapte vite à mon environnement. Et vu la carrière professionnelle dans laquelle je m’engage, c’est plutôt un atout. 

La maturité émotionnelle que j’ai eu plus jeune. C’est sur ce dernier point que je vais finir. J’ai eu une adolescence compliquée. L’hypersensibilité n’a pas été facile à gérer, elle a entrainé même beaucoup d’obstacles et d’épreuves dans ma vie. Mais être forcée à apprendre aussi jeune à autant ressentir des émotions, ça m’a fait grandir plus vite. Cette hypersensibilité m’a fait comprendre plus rapidement mon environnement. Je n’aurai pas vécu tout ça de manière si intense, je ne serai peut-être pas en train d’écrire cet article. J’pense que je suis fière de ça.

Encore quelques mois plus tard.

Oui, j’ai refait une longue pause dans l’article (haha). Entre temps j’ai changé de vie, de continent, je suis rentrée chez mes parents, j’ai revu des ami.e.s, des proches. J’ai eu un petit coup dur aussi où je me suis rendue compte qu’une envie de changer de vie ne devait pas reposer sur des peut-être. Mais tu sais c’est peut-être mieux. Je suis en « up » aujourd’hui, et avec l’hypersensibilité je suis vraiment up (mais je peux vite retomber aussi hein, le yoyo c’est l’fun). Je vais bien, j’ai vu l’Océan, j’me suis reconnectée à moi-même, je vois une psy, j’évolue, j’essaie de me reprendre en main. Alors, oui, on parle de l’hypersensibilité qui fait mal. Mais quand ça va, putain on se sent tellement vivant.e. C’est tellement enivrant, d’avoir le cœur léger, de penser que ça peut aller mieux. J’me repose sur ça, même si ce n’est pas hyper reposant.  

J’ai de la chance d’être hypersensible. C’est ma plus belle force. Mais comme tout, elle s’équilibre et c’est aussi ma plus grande faiblesse. Mais aujourd’hui, si tu me poses la question je te dirai que je ne changerai ça pour rien au monde. On en reparlera demain, en pleine angoisse.

Merci mon chat, prends soin de toi.

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