Bon tu veux mon honnête opinion ? Comment le faire. Comment je vais pouvoir t’expliquer exactement ce que je vis ici, sans t’inquiéter, sans me plaindre et sans exagérer ?
Si on commençait par la Guinée en règle générale ?
La Guinée, Conakry exactement, est un pays d’Afrique de l’Ouest, elle a plein de richesses intérieures : de l’eau, de la bauxite. La population est principalement musulmane. Il y a plein de groupes ethniques différents (d’où le nombre de langues parlées ici avec le français en langue officielle). Un pays où la pauvreté est absolument démente (plus de 55% des personnes vivent sous le seuil de pauvreté). Et évidemment, quelques problèmes politiques. Je ne vais pas rentrer dans les détails, je te laisse faire tes recherches si ça t’intéresse, mais il y a de gros mouvements de manifestations ici, avec de la souffrance en venant des populations, et de grosses répercussions pour tout le monde, mais surtout des politiques qui reculent de plus en plus les dates de votes, ce qui crée quelques tensions.
Il y a tellement de capacités non exploitées ici. C’est incroyable.
Quelques images
Je te mets quelques images de la réalité ici. Je n’en ai pas beaucoup, mais ça peut te donner une idée un peu de la différence entre la France, le Canada et la Guinée.
Comme tu le vois, c’est très ensoleillé. Un peu (beaucoup) de poussière dans l’air (c’est la saison c’est normal). L’eau se boit dans des poches plastiques. Et la guerre contre les moustiques est quotidienne. A côté de ça, énormément de pollution plastique (ça fend littéralement le cœur). Il n’y a aucune gestion des plastique, tout est jeté dans la rue, de temps en temps brûlés (je te dis pas l’odeur dans l’air) où on attend la saison des pluies pour entraîner tout ça plus loin (entendre l’océan dans ce cas).
Qu’est ce que tu fou là JJ ?
Bon, tu le sais, je fais une maitrise en gestion du développement international et action humanitaire (ouais, pompeux je te l’accorde). Du coup, dans le cadre de cette maitrise, j’dois faire un stage de minimum 3 mois (on y arrive).
Alors, du coup, JJ a pris un billet d’avion pour la Guinée pour faire un mandat auprès d’une organisation locale : Santé Plus. Mon mandat c’est quoi ? Le renforcement des capacités de l’organisation, et ça, ça passe par le développement de projet, de gestion des RH et de recherche de financements stables, récurrents et continus dans le temps, entre autres. Santé Plus c’est une ONG de santé publique, qui a joué un grand rôle de prévention et d’informations lors de l’Ebola. Mais aujourd’hui de gros problèmes sont relevés. Et je suis là pour donner un coup de pouce pour mettre en place des choses nouvelles.
Du coup, j’aide la nouvelle RH à remettre en place un système qui permettrait aux personnes de travailler moins, plus efficacement, et assurer un minimum de salaire : les personnes de l’ONG n’ont pas été payé depuis un moment, malheureusement. On essaie de trouver un compromis pour permettre un salaire qui peut être payé par l’organisation, tout en étant juste pour les employés. Tu as vu la gestion des plastiques ? Du coup, j’essaie de rédiger un projet pour ça aussi, que je laisserai au bon vouloir de Santé Plus. Pour le budget on met en place des formations qui permettrait d’avoir une entrée d’argent régulière, enfin bref. On cherche. Et c’est passionnant.
Mon point de vue
J’vais pas te mentir. C’est dur. Comme vraiment. Déjà j’me sens extrêmement seule. Mais ça, si tu me connais un peu, ça ne doit pas trop t’étonner. Je ne connais personne mis à part les gens de mon ONG, qui sont comme tous les guinéens que j’ai rencontré, adorables, chaleureux, disponibles. Mais ça ne change pas, que les weekends et les soirées, ce n’est pas le grand fun non plus. J’habite à l’hôtel aussi. Ça a plein d’avantages et plein de désavantages. Je suis en sécurité, je n’ai pas à cuisiner, ranger, nettoyer. J’ai une connexion wifi (approximative, mais elle est là), je n’ai pas de problèmes de gestion d’appart dans un pays inconnu. Mais je n’ai pas vraiment d’intimité, je dépends toujours de gens, j’ai aucune autonomie au niveau des repas.
Sinon, niveau sécurité, je viens de passer 3 jours enfermée (niveau solitude on se pose là aussi). Mais comment te dire que déjà sortir c’est compliqué au quotidien, parce que pas grand-chose à faire dans le quartier, et parce que sortir solo tout le temps, je n’ai pas de voiture pour explorer les environs. Donc je suis soit au bureau soit à l’hôtel quoi, sinon je dépends de quelqu’un, et je n’aime pas trop avoir l’impression d’avoir un babysitter.
Et dernière chose pas très pratique : j’ai encore un cours au Québec, mais va suivre un cours quand ta connexion ne le permet pas. Heureusement j’ai un groupe compréhensif, sinon je serai vraiment (plus) dans la merde.
C’est une expérience. J’apprends beaucoup au boulot, l’expérience professionnel est intense, l’adaptation dans un nouveau milieu, c’est une rude épreuve, mais c’est extrêmement satisfaisant d’en être capable. J’apprends à vivre avec moi-même aussi (j’te raconte pas l’état de mon cerveau qui cogite sur mon temps libre comme jaja). J’dois faire confiance aux gens qui m’entourent aussi. Pas trop trop le choix. Une autre chose qui change : j’ai un nombre de contacts très restreint. C’est peu souvent que j’ai pas grand monde autour de moi.
J’ai une chance inouïe. Enfin est-ce une chance ou juste que je me bouge le popotin pour que mon expérience se fasse, je n’en sais rien. Mais j’ai vu bien plus d’endroits que un bon nombre de personnes, j’ai rencontré énormément de monde au cours de ses expériences. Et je sais que actuellement, c’est dur, ce ne sera peut être pas l’expérience la plus belle et fun. Mais probablement une des plus formatrice et en dépassement de soi, on est pas mal là.
Je vais bien, je compte les jours jusqu’à mon retour en France, mais je suis safe. Et heureusement t’es là aussi, même de loin. T’imagines pas comme ça donne une force. Autre chose aussi qui me donne un peu une force, c’est de me dire que mon installation à Québec dans un premier temps, puis Montréal, avance petit à petit (Oui, toujours un projet derrière la JJ).
Merci chaton, on se voit vite.
Cœur sur toi.
PS : Pas de tourista à l’horizon jusqu’à présent.
Cela me fait toujours autant plaisir de te lire 🙂
Des becs !